La prépa scientifique : mythes et réalités
« Je n’ai pas le niveau »
Avant d’entrer en prépa maths sup, beaucoup de bacheliers ont déjà en tête une image très dure de ce qui les attend. Ils se demandent s’ils ont vraiment le niveau, s’ils ne vont pas être largués dès les premières semaines et si tous les autres ne seront pas plus brillants. Les premières mauvaises notes, le rythme intense, les devoirs surveillés qui s’enchaînent et les colles qui bousculent la confiance peuvent rapidement donner l’impression de ne pas être à sa place.
Ce découragement arrive à presque tout le monde, parfois plusieurs fois pendant les deux années. L’absence de résultats visibles, la fatigue, les révisions qui semblent inefficaces et les problèmes extérieurs finissent par faire naître l’idée que l’on n’a pas le niveau pour être en prépa ou pour rester dans cette prépa en particulier. Pourtant, il existe un véritable fossé entre les exigences du lycée et celles de la maths sup. La physique du lycée reste très superficielle comparée à celle de maths sup et de maths spé. Les mathématiques prennent aussi une dimension plus abstraite et plus rigoureuse. Il est donc normal de se sentir déstabilisé au début.
Cette déstabilisation peut même être utile. Placé au pied du mur, on découvre souvent que l’on est capable de fournir des efforts bien plus importants que ce que l’on imaginait. À partir du moment où l’on accepte de travailler régulièrement, de revenir sur ses erreurs, de poser des questions et de demander de l’aide quand il le faut, le niveau progresse. Certains élèves choisissent à un moment de se faire accompagner par des cours particuliers pour avancer à leur rythme et consolider les notions clés. Ce n’est pas la preuve d’un niveau insuffisant, mais une façon de mieux exploiter ses capacités.
« On n’a plus de vie sociale »
On entend souvent dire qu’en prépa scientifique la vie sociale disparaît et que les préparationnaires ne font plus que travailler. La réalité est plus nuancée. Le rythme de travail impose évidemment de réduire les sorties et les activités, surtout par rapport au lycée où il restait du temps pour voir très souvent ses amis, aller au cinéma ou sortir le week end. La prépa oblige à faire des choix et à organiser ses semaines avec rigueur.
Pour autant, il ne s’agit pas de vivre coupé du monde. Garder une vie sociale reste indispensable pour tenir sur la durée. Voir de temps en temps ses amis de lycée, partager un repas ou une soirée avec ses camarades de prépa, faire un peu de sport ou garder un loisir permet de souffler et de revenir plus efficace devant ses cours. En maths sup, il est souvent possible de préserver une soirée par semaine ou quelques heures le week end. En maths spé, ce temps se réduit parfois, mais un minimum de respiration demeure nécessaire. Trois heures de pause dans la semaine peuvent sembler dérisoires, pourtant elles font une vraie différence sur l’énergie et la motivation.
« C’est la loi de la jungle »
La prépa prépare à des concours sélectifs, ce qui laisse croire que tout repose sur une compétition féroce où chacun essaie de dépasser les autres. Dans les faits, une bonne partie de la réussite tient à l’ambiance de la classe. L’entraide et l’émulation jouent un rôle essentiel pour progresser et supporter le rythme. Une atmosphère de soutien mutuel, où l’on partage ses méthodes et ses corrections, permet à chacun de repousser ses limites de manière plus sereine.
Expliquer un exercice de mathématiques ou de physique à un camarade qui n’a pas compris ne revient pas à lui donner un avantage. C’est aussi un excellent moyen de vérifier sa propre compréhension. On se rend vite compte que l’on ne peut pas exposer clairement une idée que l’on a mal assimilée. En reformulant une preuve, un raisonnement ou une méthode, on les fixe en profondeur. Une classe où les élèves travaillent ensemble, s’échangent des fiches et révisent à plusieurs avant un devoir crée une dynamique bien plus efficace qu’une classe refermée sur la concurrence. Se lever le matin en sachant qu’un devoir surveillé de maths vous attend mais que vous pourrez ensuite décompresser avec des amis rend la prépa beaucoup plus vivable.
« C’est une mauvaise période à passer »
La prépa scientifique est souvent présentée comme une étape pénible qu’il faut simplement traverser pour intégrer une école d’ingénieurs. Il est vrai que tous les jours ne seront pas faciles. Il y aura des coups durs, des notes décevantes, des moments de fatigue et des périodes de doute. Pourtant, une fois le rythme installé et l’intégration dans la classe réussie, beaucoup d’élèves découvrent que la prépa est aussi une expérience à part, intense et riche.
On y construit des amitiés solides, on y partage des moments de stress avant les colles ou les concours blancs, mais aussi des fou rires après un sujet raté ou une anecdote de professeur. On apprend à travailler vraiment, à gérer son temps, à encaisser la pression. Avec le recul, nombre d’anciens élèves gardent de la prépa un souvenir très positif, malgré la difficulté. Les deux années de maths sup et de maths spé restent exigeantes, mais elles forgent le caractère et la méthode de travail, ce qui se révèle précieux bien au delà des concours.
« On a plus de chances d’intégrer en étant en 5/2 qu’en 3/2 »
La question du redoublement de maths spé revient régulièrement. Faut il partir aux concours en 3/2 ou choisir de refaire une année en 5/2. En théorie, une année supplémentaire pour assimiler le programme de mathématiques, de physique ou de sciences de l’ingénieur offre un avantage réel. Le 5/2 a revu les chapitres, refait des exercices et connaît mieux les formats d’épreuves. Il est donc fréquent qu’il obtienne de meilleurs résultats qu’en 3/2.
Ce constat doit toutefois être relativisé. Si un élève décide de redoubler, c’est souvent parce qu’il n’était pas parmi les meilleurs de sa promotion en 3/2. Pendant ce temps, les meilleurs 3/2 ne refont pas une année de prépa. De plus, selon les concours, les 3/2 bénéficient parfois de petites bonifications ou d’un regard plus favorable parce qu’ils se présentent pour la première fois. Les 3/2 n’ont donc aucune raison de se considérer comme défavorisés. Avec un travail sérieux, une bonne organisation et une progression régulière, ils ont toutes leurs chances. La décision de faire 5/2 doit se prendre au cas par cas, en discutant avec les professeurs et en tenant compte de la motivation, de la marge de progression et des objectifs d’école.
« Le français et les langues n’ont pas de gros coefficients, cela ne sert à rien de les travailler »
En filières scientifiques, les coefficients favorisent clairement les mathématiques, la physique et la SI. Il peut alors être tentant de négliger le français et les langues vivantes au motif que leur poids serait limité. Les chiffres montrent pourtant que ces matières comptent suffisamment pour faire la différence. Dans un concours, chaque note intervient dans le classement final. Un 5 sur 20 dans une matière prétendument secondaire devient difficile à rattraper, même avec de très bonnes notes en sciences.
Il faut aussi garder en tête que les candidats de prépa scientifique sont presque tous recrutés pour leurs résultats en mathématiques et en physique, bien davantage que pour leurs notes en philosophie ou en langues. Le niveau général dans ces matières littéraires reste souvent plus faible. Dans une logique de concours, il est donc stratégique de travailler ce que les autres négligent. Une bonne copie de français ou une prestation solide en langue permettent de se distinguer dans un champ où la concurrence est moins rude. À plus long terme, la maîtrise de plusieurs langues et la capacité à rédiger correctement restent des compétences essentielles dans une carrière d’ingénieur, dans un monde où les échanges sont internationaux.
« J’ai de mauvaises notes en première année, rien ne sert de continuer »
Lorsque la fin de la maths sup approche et que les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes, la tentation de tout arrêter devient forte. Il est difficile de rester confiant face à des notes qui stagnent et à la perspective de la maths spé. La question revient alors avec insistance. Faut il poursuivre en 3/2 ou changer complètement de voie.
Il ne faut pas oublier que les disciplines scientifiques se comprennent souvent par paliers. Les mathématiques et la physique demandent du temps pour être assimilées. On peut rester bloqué longtemps sur un chapitre, puis avoir un déclic à force de refaire les exercices, de relire le cours et de poser des questions. Une fois qu’une notion est réellement comprise, elle est rarement oubliée. Tout le travail accompli en maths sup n’est donc pas perdu, même s’il ne se traduit pas immédiatement dans les notes.
Ce que vous n’aurez pas compris en cours d’année pourra se débloquer pendant les révisions de fin d’année, pendant les vacances ou en début de maths spé. L’essentiel reste de continuer à chercher à comprendre, de revenir sur les corrections, de demander des explications supplémentaires et d’accepter de refaire plusieurs fois le même exercice jusqu’à ce que la méthode devienne claire. Avant de décider de quitter la prépa, il est important d’échanger avec vos professeurs, d’analyser vos progrès, même modestes, et d’évaluer honnêtement vos envies. Le déclic arrive souvent chez ceux qui restent dans l’effort et non chez ceux qui ont déjà renoncé.